SHARMA Vivek, DBA

Digital DBA n°4 (2024)

Vivek Sharma est un professionnel des systèmes d’information depuis 1990 ; il a commencé sa carrière en tant que développeur de logiciels et est passé à un rôle commercial en 1999, où il est devenu responsable de la définition et de la mise en œuvre d’initiatives technologiques. Au fil des ans, il a travaillé sur diverses initiatives en matière de systèmes d’information dans des entreprises telles que Citibank, le Bureau australien des statistiques et le ministère de l’environnement. Actuellement, il travaille sur un important programme de transformation numérique pour le système de compensation de la biodiversité.

Il soutiendra sa thèse d’Executive Doctorate of Business Administration (EDBA) en mars 2024 sur le thème « Comment appliquer un cadre de construction de sens pour améliorer les projets de systèmes d’information ? » sous la direction du Professeur Aurelie Dudézert, Professeur à l’Institut Mines Télécom-Business School/ Université Paris Saclay – France.

Direction de thèse

Pr. Aurélie Dudezert

Thèse de DBA

Un modèle d’alignement qui intègre la transformation apportée par la technologie et assure l’alignement nécessaire de la technologie avec la stratégie commerciale souhaitée.

Résumé

Objectif – L’efficacité des projets de systèmes d’information reste un sujet de préoccupation pour les praticiens comme pour les chercheurs dans le domaine du Management des Systèmes d’Information. L’évolution constante de l’environnement des systèmes d’information et la multitude de parties prenantes impliquées rendent la gestion de ces projets difficile. Cette recherche étudie plus spécifiquement les projets de systèmes d’information sous l’angle du cadre théorique du « sensemaking » (création de sens) afin d’analyser les points de vue des parties prenantes et de comprendre comment ils se structurent. Dans le contexte très mouvant des projets de systèmes d’information, ces points de vue sont en effet construits à partir d’informations fragmentées et souvent contradictoires qui leur sont présentées dans le cadre de ces projets.

L’étude vise à développer une compréhension approfondie du processus de création de sens dans les projets de systèmes d’information. Les facteurs influençant les perceptions des parties prenantes et les processus de prise de décision sont mis en évidence, ce qui permet d’améliorer la mise en œuvre des projets de systèmes d’information.

Conception/méthodologie/approche –Pour mener cette recherche le chercheur a adopté une posture considérant que la réalité est subjective et façonnée par les interprétations individuelles et s’est focalisé sur la compréhension de la réalité vécue par chaque participant.
La méthodologie de recherche employée est une étude de cas. Des entretiens avec les parties prenantes ont été menés dans le cadre de trois projets de systèmes d’information afin d’étudier leurs expériences et leurs perceptions. Les études de cas ont été construites à partir de la documentation du projet et du récit des parties prenantes afin de fournir un scénario cohérent. Le cadre du « sensemaking » de Weick (1995) a été mobilisé pour analyser les récits et comprendre les processus cognitifs et les facteurs de prise de décision des individus. En outre, les concepts liés à la création de sens (Maitlis & Christianson, 2014) et au pouvoir dans la création de sens (Silva & Backhouse, 2003 ; Schildt et al., 2020) ont été utilisés pour analyser les études de cas de manière plus approfondie.

Résultats – Cette étude fournit des résultats sur le processus décisionnel des projets de systèmes d’information et souligne le rôle critique des différents acteurs à divers stades des projets. Elle met également en lumière des situations où l’agenda du projet de système d’information ne correspond pas aux besoins réels en matière d’information.
Le contexte social à plusieurs niveaux est la propriété la plus critique en matière de création de sens dans les environnements de systèmes d’information modernes. Il influence la manière dont les gens perçoivent et interprètent les informations, prennent des décisions et collaborent. La légitimation consiste à fournir des explications et des justifications pour rendre les perceptions, les croyances et les idées acceptables, ce qui est essentiel pour la réussite du projet. Les indices marquants et le leadership influencent le processus de légitimation et les résultats du projet.
La plausibilité est une compétence essentielle pour les représentants des entreprises qui prennent des décisions dans le cadre du projet. Étant donné que les décisions sont prises en fonction de contraintes de temps et d’informations incomplètes, l’utilisation de l’expérience rétrospective dans les projets de systèmes d’information les aide à poser les bonnes questions, à rechercher les informations pertinentes et à évaluer les risques sur la base des expériences passées.
Le pouvoir joue un rôle important dans l’élaboration du sens des projets de systèmes d’information. La répartition du pouvoir au sein d’une organisation a une incidence sur les personnes qui ont le pouvoir d’initier, de guider et de mettre en œuvre les projets, ainsi que sur les personnes qui ont le pouvoir d’influencer l’institutionnalisation des connaissances au sein de l’organisation. Dans le contexte des projets de systèmes d’information, la dynamique du pouvoir est évidente à chaque étape du projet, de l’initiation à la livraison et au soutien. Il est important de reconnaître les différentes sources de pouvoir en jeu et la manière dont elles influencent la prise de décision, l’allocation des ressources et le partage des connaissances au sein du projet.

Limites/implications de la recherche – Cette étude a été menée dans deux organisations australiennes dont les systèmes d’information ne constituent pas l’activité principale. Les parties prenantes des organisations non technologiques peuvent avoir moins de connaissances rétrospectives et peuvent donc s’appuyer davantage sur la prise de conscience sociale pour diriger les projets de systèmes d’information. Il est recommandé de poursuivre les recherches sur les organisations technologiques afin de comprendre les différences entre les processus de création de sens dans les deux types d’organisations.
En outre, la nature des connaissances créées est subjective et contextuelle. Les généralisations au-delà du temps et du contexte ne sont pas raisonnables, et ce travail doit être considéré comme une recherche exploratoire confirmant le rôle de la création de sens dans le développement d’un modèle d’engagement socio-technologique qui améliorel’efficacité des systèmes d’information nécessaires pour tirer profit des investissements dans les systèmes d’information.

Implications pratiques – Cette étude présente un modèle conceptuel qui peut être utilisé afin d’améliorer les chances de succès d’une organisation en matière d’investissement dans les systèmes d’information. Dans le contexte de l’investissement dans les systèmes d’information, la construction de sens peut fournir aux chefs d’entreprise des informations et des conseils précieux lors de la planification et de la gestion des investissements technologiques. Cette étude propose d’appliquer les recommandations suivantes en matière de gestion afin d’obtenir de meilleurs résultats pour le système d’information.
• La compréhension du contexte spécifique de l’environnement du système d’information d’une organisation est cruciale pour développer des pratiques adaptées à cet environnement.
• Un programme de formation qui peut aider les décideurs à développer les compétences essentielles nécessaires pour assurer un leadership efficace en matière de décisions relatives aux systèmes d’information.
• Identifier les rôles pour une gouvernance continue du système d’information.
• Mettre en place un forum d’affaires pour une discussion approfondie sur les décisions en matière de technologie.
• En mettant en œuvre des stratégies de création de sens et en incorporant des indices marquants, les organisations peuvent créer un changement culturel qui favorise une compréhension commune de la justification de l’activité et garantit que les projets contribuent au succès global de l’organisation.
• Il est nécessaire que le chef de projet et le commanditaire mettent en place un processus axé sur la création de sens pour définir le suivi et le contrôle du projet, afin que le commanditaire puisse diriger le projet de manière efficace.
Mettre en œuvre des capacités de veille informationnelle pour évaluer la situation du projet et identifier les actions et les interventions nécessaires pour aligner la perception des parties prenantes et des membres de l’équipe sur les objectifs du projet IS.L’adoption de ces recommandations peut apporter de nombreux avantages aux chefs d’entreprise. Ils seront mieux équipés pour analyser et évaluer l’impact potentiel des investissements technologiques, ce qui leur permettra de faire des choix stratégiques conformes à la vision à long terme de l’organisation. En adoptant ce modèle, les chefs d’entreprise peuvent identifier rapidement les pièges et les défis potentiels, ce qui leur permet de procéder à des ajustements et à des mesures d’atténuation en temps utile.