Titulaire de nombreuses formations et spécialisations dans le domaine des ressources humaines, Gérald Brandt travaille depuis 2001 dans des organisations de droit public et privé. Il travaille actuellement dans une structure hospitalière d’importance régionale en tant que directeur des ressources humaines. Il est également expert pour l’enseignement supérieur en ressources humaines, ainsi que juge au tribunal du travail.
Il soutiendra son Executive Doctorate in Business Administration (EDBA) en septembre 2022, sur le thème “Governing in the storm : structures, roles and interactions within the hospital governance in a health crisis situation” sous la direction du Professeur Michelle Bergadaà, Professeur émérite de l’Université de Genève.
La thèse porte sur la gouvernance hospitalière pendant la pandémie de SRAS-CoV-2, et plus particulièrement sur ses structures, rôles et interactions. La recherche a été menée dans trois environnements hospitaliers différents et démontre qu’une pandémie n’affecte pas les structures et les rôles de gouvernance de l’hôpital. Ceci s’explique principalement par un fort conformisme juridique de la gouvernance en milieu hospitalier, ne tenant pas compte de ses spécificités. En revanche, les interactions sont influencées et renforcées pendant une pandémie.
Direction de thèse
Pr. Bergadaà Michelle
Thèse de DBA
“Governing in the storm”, Structures, rôles et interactions de la gouvernance hospitalière en situation de crise sanitaire
Résumé
La gouvernance hospitalière, basée sur le modèle anglo-saxon du rapport Cadbury (1992) recommandant de faire la distinction entre le niveau dit stratégique et le niveau dit opérationnel, s’est imposée en quelques années comme étant l’ultima ratio, à quelques exceptions notables près, en termes de gestion des environnements hospitaliers, et ce dans un large contexte de libéralisation du marché de la santé en Suisse. Cette libéralisation, voulue par les différents acteurs de la santé, doit contribuer à renforcer la concurrence inter-hospitalière et contribuer à la réduction des coûts de la santé. Ainsi, l’ensemble des hôpitaux helvétiques s’est vue doté d’un gouvernement d’entreprise, à l’image des sociétés cotées en bourse, et ce sous la forme d’un conseil d’administration appelé à s’occuper des aspects de stratégie hospitalière. Nous allons principalement nous intéresser au fonctionnement de ces conseils d’administration hospitaliers, et plus particulièrement de leurs structures, des rôles exercés, ainsi que des interactions humaines induites par ces deux composants.
Cette recherche s’intéresse à un sujet qui se situe à l’intersection de trois grandes thématiques ayant déjà fait l’objet de nombreuses recherches et publications – et le font encore -, à savoir la gouvernance, les interactions humaines et les crises (sanitaires), étant donné que cette recherche s’est réalisée en période de pandémie à SARS-CoV-2. Bien que ces trois sujets aient déjà fait l’objet de nombreuses recherches, il n’existe, à notre connaissance et à ce jour, pas de recherche combinant ces trois aspects. Alors que le système de santé est un élément fondamental de fonctionnement dans les sociétés que nous connaissons, et sa gestion passant pour l’une des plus complexes, maîtriser sa gouvernance revient à la rendre plus efficace et efficiente, ce dans l’intérêt de ses principaux clients : les patients et assurés. Ainsi, nous allons nous demander en quoi une crise sanitaire influence les structures, les rôles et les interactions de la gouvernance hospitalière.
Afin de réaliser cette recherche, nous la menons en utilisant la méthodologie de l’étude de cas, et ce sur un terrain de recherche défini constitué de trois organisations hospitalières non universitaires actives en Suisse romande. Nous utilisons un questionnaire structuré réalisé au moyen du logiciel Sphinx Declic 2 et adressé aux administrateurs de ces organisations, et interrogeons, par l’intermédiaire d’un guide d’entretien, les représentants des propriétaires de ces organisations, ainsi que des experts regroupés en deux groupes distincts, à savoir les experts en gouvernance et les experts en gestion de crises. L’ensemble des données récoltées est analysé au moyen d’une montée en abstraction et d’une analyse du champ lexical menée au moyen du logiciel NVivo.
Les résultats obtenus en analysant les contributions des trois groupes principaux de contributeurs déjà mentionnés, puis en les discutant et les confrontant aux théories mobilisées, laissent entrevoir qu’une situation de crise sanitaire n’a que peu d’impacts sur les structures et les rôles de la gouvernance hospitalière, cette dernière étant principalement influencée par les contraintes légales et fonctionne selon les principes décrits au travers de la théorie positive de l’agence (Jensen & Meckling, 1976). Ainsi, il apparaît que les gouvernances hospitalières observées ne prennent pas en considération d’autres conceptions de la gouvernance, ni ne fonctionnent en réseau. A quelques exceptions, peu d’administrateurs occupent des mandats dans plusieurs organisations hospitalières. Concernant les interactions humaines, ces dernières semblent, sous l’influence d’une crise sanitaire, plutôt avoir tendance à se resserrer entre les membres de conseils d’administrations hospitaliers.
Sur la base des résultats obtenus, nous proposons huit recommandations managériales, comme contributions principales issues de la recherche, que nous complétons avec des recommandations théoriques, méthodologiques et socio-économiques. Finalement, nous proposons diverses pistes de recherches complémentaires, afin d’approfondir les premières contributions et pistes issues de la présente recherche en termes de gouvernance hospitalière en situation de crise sanitaire pandémique.